- Monsieur, le Ministre d’Etat, Président de la Commission ;
- Madame le Ministre du Travail et de la Fonction Publique, vice-présidente ;
- Mesdames et Messieurs les Ministres ;
- Mesdames et Messieurs les membres de la commission ;
- Mesdames et Messieurs les différents cadres ici présents ;
- Chers amis de la presse,
A l’occasion de l’ouverture de cette première session ordinaire de la Commission Nationale de Concertation, de Consultation et de Négociations Collectives pour le compte de l’année 2024, je tiens à faire une déclaration qui résume en quelques lignes l’état des rapports qui existent depuis environ sept (07) ans entre les travailleurs, le peuple et le gouvernement de la rupture.
De 2016 à nos jours, les travailleurs et le peuple ont vécu dans l’enfer sous le régime du pouvoir de la rupture dont la gouvernance a été caractérisée par des réformes et des pratiques anti-sociales qui ont plongé la plus large majorité des populations dans la faim, la vie chère, la misère, la précarité de l’emploi et de graves restrictions des libertés codifiées par des lois et autres textes réglementaires liberticides qui aggravent la paupérisation des populations et la soumission de notre pays aux puissances étrangères.
Quelques illustrations :
- Depuis 2016, les travailleurs et le peuple ont subi des humiliations les plus diverses : prises de lois et textes réglementaires, scélérates et anti-sociales parfois illégaux pour soumettre le peuple et les travailleurs à la faim et à la misère. On peut citer entre autres, la loi fixant les conditions et la procédure d’embauche, de placement de la main d’œuvre et de la résiliation de contrat de travail ; la loi portant exercice de droit de grève qui criminalise la grève pour les secteurs de la santé, du transport et des hydrocarbures, le statut général de la fonction publique, le code d’éthique et des valeurs de l’administration, etc, ont rendu l’emploi totalement précaire. Notre Chef de l’Etat est allé publiquement, et sans honte vanter devant de hautes personnalités étrangères à Berlin la prise de ces lois scélérates rétrogrades. Pour museler le peuple, arracher des acquis sociaux et empêcher la jouissance des libertés syndicales et démocratiques les lois sur le numérique, des dispositions liberticides, ont été introduites dans le code pénal et des lignes rouges ont été tracées dans la ville de Cotonou et aux alentours. Le pouvoir de la rupture a progressivement instauré un Etat policier en lieu et place de l’Etat de droit. Conséquence : les citoyens sont réprimés sauvagement par la police et la justice à ordre. Le cas de la répression des motocyclistes pour non port de casque et des arrestations des manifestants à l’occasion de la célébration du 1er mai, fête du travail en sont des illustrations. Plusieurs citoyens sont emprisonner ou exilés, tous poursuivis pour leurs opinions (prisonniers ou exilés politiques). Comment comprendre qu’on arrête des gens pour leur opinion politique et qu’on les traite de terroristes ? C’est inconcevable.
- La grande majorité de la population, travailleurs salariés, artisans, femmes des marchés, hommes et femmes des marchés, commerçants, conducteurs, paysans, etc. meurent de faim et se plaignent des mesures draconiennes prises contre eux par le gouvernement sans pitié pour eux.
- L’insécurité au nord du pays liée à la présence des djihadistes s’est curieusement aggravée avec l’arrivée dans notre pays des troupes miliaires françaises qu’on les appelle instructeurs ou non.
- Le gouvernement viole royalement certaines conventions et recommandations internationales protégeant des droits de l’homme et des travailleurs. Exemple : les recommandations des experts de l’OIT au gouvernement consignés dans leur rapport de 2021 sur le Bénin recommande à notre gouvernement la relecture en urgence du code du travail et de la loi portant exercice du droit de grève au Bénin. Mais contre toutes attentes, le gouvernement a méprisé les recommandations des experts de l’OIT en la révisant de façon plus dangereuse pour les travailleurs car cette fois ci la grève a été même criminalisée.
- La gouvernance diplomatique avec des pays de la sous-région notamment le Niger un pays frère aggrave davantage les conditions de vie des béninois et ceux du Niger.
- L’organisation et la validation des élections professionnelles sectorielles par vote électronique frauduleux dans le secteur de l’éducation malgré la contestation des résultats de ces élections par tous les candidats car la fraude a été découverte par tous et de façon flagrante. Tout a été mis en œuvre par le gouvernement pour empêcher la représentativité de la CSTB dans les trois sous-secteurs de l’éducation au point où dans l’enseignement supérieur, aucun syndicat des chercheurs et enseignants du supérieur n’est représentatif. Seuls les syndicats du personnel administratif sont représentatifs. Déduisez le reste vous-même.
Monsieur le Président ;
Mesdames et Messieurs les membres de la commission, ça ne vas plus au Bénin. La situation est grave au point où le Bénin est la risée des autres pays au plan international à cause de la mauvaise gouvernance du pays.
J’ai même honte de discuter de la situation de mon pays avec les autres responsables syndicaux à l’international, c’est ce qui m’a amené à m’abstenir de participer à la 112ème Conférence Internationale du Travail qui se tiendra en juin prochain à Genève. J’ai préféré faire représenter la CSTB par le Secrétaire Général Adjoint à cette conférence.
Comment comprendre chers membres de la commission qu’avec cette situation que notre Chef de l’Etat puisse dire qu’il peut nommer des amis politiques incompétents à des postes qu’il veut, que les travailleurs et le peuple peuvent en être mécontents, mais ils n’y peuvent rien.
NON ! Ca ne peut pas continuer comme ça.
Les travailleurs et le peuple veulent être gouvernés autrement. C’est par respect pour vous, monsieur le Président que la délégation de la CSTB continue de participer aux séances de négociations qui n’ont jamais résolus l’essentiel des problèmes des travailleurs et du peuple. Il faut absolument que le gouvernement et son chef Président de la République se mettent à l’écoute du peuple et changent leur système de gouvernance pour le bonheur de nous tous.
Je vous remercie.
Fait à Cotonou, le 24 mai 2024
Le Secrétaire Général Confédéral
Nagnini KASSA MAMPO.-